Ce matin
Cela fait trois nuits que je dors mal, très mal. Cette nuit j'ai cauchemardé à chaque instant, ou presque. Révé de tentacules m'agrippant dans mon sommeil, révé de greffe de cerveau et d'encore tant d'autres choses...
Tu rentres demain.
J'ai une tête à faire peur, je suis crevée, je sors tellement que je ne vis presque plus que la nuit. Et je suis très, très fatiguée.
Ce matin, les filles m'ont ramené à la maison après une soirée très arrosée. Dans la voiture, à un carrefour, j'ai cru te voir, toi. Au volant d'une voiture qui n'était pas la tienne. Ce type te ressemblait tellement, toi, toi qui me regardes la dernière fois que je t'ai vu, avant que tu partes, c'était toi, dans cette voiture. L'alcool et la fatigue aidant.
Et je me suis rendu compte que je ne supporterais pas de vivre dans la même ville que toi tout en sachant que tu ne veux plus de moi. Au risque de te croiser, comme ça, dans une rue, au volant, dans un bar, ou un restaurant, ou au cinéma.... J'ai peur, je tremble de peur. Ce matin lorsque la voiture nous a croisé mon coeur a failli éclater, jusqu'à ce que je vois que ce n'était pas toi. Si je te croise comme ça, et que tu ne m'as pas appelé, pas donné de nouvelles... Qu'est-ce que je ferais?
Je considérerais, sept jours après que tu sois rentré, que si tu ne m'as pas appelé, alors c'est que c'est fini.
Je n'attendrais pas plus, ce sera le signal de mon départ.
Parce que je déteste être prise pour une idiote, et souffrir, souffrir sans fin.
J'ai regardé à la page souffrance, les images du dictionnaire google. Des images horribles défilaient sous mes yeux. Mais il y en a une en particulier qui m'a frappé, réellement. Un ciel bleu. Comment peut-on appeler un ciel blue, "souffrance", me suis-je demandé. Et j'ai regardé. Agrandi l'image et regardé. Et puis j'ai compris. J'ai compris. Ma souffrance, elle ressemble à ça.
Un ciel bleu, sans nuages. Sans point de repères, sans nuages où me raccrocher. Un gouffre sans fond sans rien pour me retenir. Ma souffrance est uniforme et tranquille, elle est là, au creux de mon coeur. Elle est devenue aussi familière que possible.